Voilà bien longtemps que je n’ai rien posté mais aujourd’hui ça me démange !
Aujourd’hui, j’étais en colère. Pour tout vous dire ça a commencé le 16 octobre avec la mort de Samuel Patty. Je suis Responsable d’une Médiathèque dans une commune rurale et nous avons dû suite aux décisions du gouvernement baisser le rideau. Les librairies indépendantes ont dû également fermer leurs portes et ne peuvent que proposer du click and collect. On se connecte sur internet ou on téléphone à sa librairie et on vient récupérer ses ouvrages. Pourtant, la Fnac avait tout bonnement le droit d’ouvrir. Un libraire Au Mans (La bulle) a fait la révolution et ouvert son commerce. Face à la Résistance des libraires indépendants, coup de théâtre ou de massue la grande distribution et la Fnac sont contraintes de ne plus vendre de livres laissant la part belle à AMAZON. Et là, rien n’est fait ! Alors, oui je m’inquiète. Je m’inquiète pour la diversité culturelle. J’ai donc fait ce que je sais faire de mieux : écrire un texte qui parle d’éducation, de culture pour tous et d’espoir.
J’ai appris à lire à 5 ans, en grande section. Personne ne me croyait, j’avais un petit cahier rouge avec des exercices d’écritures et j’ai commencé à lire mes premières phrases. Mamie, institutrice à la retraite me disait : tu les connais par cœur ces phrases, tu ne sais pas lire. Je suis donc allée chercher le journal de papi et j’ai déchiffré la une de l’Indépendant.
Je me souviens de Geneviève une institutrice qui nous lisait de belles histoires. Poussée par cette envie, j’ai commencé à déchiffrer les mots. Un monde nouveau s’offrait à moi. Je lisais tout ce que je voyais.
Je sais que pour certains, lire de nos jours peut paraître inutile, pourtant, ils lisent eux-mêmes tous les jours. Imaginez un peu la vie d’une personne qui ne sait pas lire. Elle n’a qu’une vision partielle de ce que peut-être le monde. Songez à ça ! Sur votre ordinateur, vous lisez ! Vous avez cette connaissance. Vous écrivez également. La lecture, ce n’est pas seulement les livres.
Souvenez-vous de l’enfant que vous étiez, de la joie que procure les histoires, le réconfort, mais également l’ouverture sur le monde que permet la lecture.
Il n’y a pas un jour dans ma vie sans lecture et je suis sûre que si vous réfléchissez bien vous aussi, c’est votre cas.
Quand j’étais petite, ma mère me lisait des livres. Plus tard quand, j’avais du mal à m’endormir, les livres permettaient de m’apaiser. Je suis convaincue qu’ils ont des pouvoirs magiques. Malheureusement, ce soir aucun livre n’a apaisé ma colère. Je n’ai pas pu dormir. Ces jours-ci, il s’est passé des choses graves dans un pays dont la devise est égalité, liberté, fraternité. Un professeur a été décapité pour avoir montré des caricatures. Les lieux culturels n’ont pas le droit d’ouvrir, mais les grands groupes eux, sont bien ouverts. Ces grands groupes qui dictent nos vies. Un professeur de philosophie en terminale, m’a remis sur le chemin de la lecture. Je lisais un peu moins préférant expérimenter d’autres choses, brûler la vie par les deux bouts comme on dit. Chaque début de séance, il martelait que nous devions lire et nous demandait de citer nos lectures en cours. Pour être tout à fait sincère, je trouvais ça chiant. J’avais commencé les frères Karamazov car il avait l’air tout à fait palpitant et surtout parce que vu l’épaisseur du bouquin, j’étais tranquille pour plusieurs séances.
Un jour, il nous a lu des extraits « Des géants » de Jean-Marie Gustave Le Clézio. Auteur qui a reçu le Prix Nobel de littérature en 2008.
Ce fût la révélation. J’ai lu et beaucoup apprécié ce livre qui dresse le portrait d’individus hypnotisés prêts à acheter n’importe quoi, manipuler par les géants (Les grandes sociétés.) Les grands groupes étudient les comportements pour lancer de nouveaux produits, inventent des besoins imaginaires et nous font croire que ces besoins sont indispensables. Nous sommes tous manipulés et nous devons vivre selon les règles de ces grands groupes (Le lobbying). Un livre qui nous fait comprendre le système dans lequel nous sommes. Tous endormis par des géants qui dictent leurs règles du jeu. J’ai lu ce livre il y a des années, je l’ai refermé en pensant c’est bien, il faut arrêter tout ça et je n’ai rien fait. Il est peut-être temps d’ouvrir les yeux. Il est peut-être temps de se dire qu’interdire l’accès aux livres c’est très grave pandémie ou pas ! Quand on ferme les yeux, on s’endort et ce sont les géants qui gagnent.
Je parle ici d’un monde que je connais bien, le monde du livre, mais malheureusement cette crise touche de nombreux secteurs. Je pense que nous devons tous êtres unis dans cette bataille contre les géants, ils sont grands et forts aujourd’hui, mais tous unis, ils ne pèsent rien contre nous et notre détermination à lutter. Les livres, la culture, l’éducation sont des valeurs importantes dans notre pays. Nous devons nous unir et défendre ses valeurs humanistes.
Si tu aimes mes mots, tu peux les partager, c’est gratuit. Tu peux aussi écrire ton histoire. Je la lirai avec plaisir.
Merci à vous pour cette colère, si juste qui le donne l’envie de me précipiter sur JMG Le Clézio…
Enseignante et autrice, je vous partage à mon tour ce sublime texte…
Car les librairies sont la porte ouverte vers des mondes infinis. Ceux des auteurs qu’elles hébergent… Anaïs Nin raconte pourquoi elle écrit :
« Je crois que l’on écrit parce que l’on doit se créer un monde dans lequel on puisse vivre. Je ne pouvais vivre dans aucun des mondes qu’on me proposait : le monde de mes parents, le monde de la guerre, le monde de la politique. J’ai dû créer un monde pour moi, comme un climat, un pays, une atmosphère, où je puisse respirer, régner et me recréer lorsque j’étais détruite par la vie. Voilà, je crois, la raison de tout œuvre d’art.
L’artiste est le seul qui sache que le monde est une création subjective, qu’il faut faire un choix, une sélection des éléments. C’est une matérialisation, une incarnation de son monde intérieur. Et puis, il espère y attirer d’autres êtres, il espère imposer cette vision particulière et la partager avec d’autres. Même si la seconde étape n’est pas atteinte, l’artiste, néanmoins, continue vaillamment. Les rares moments de communion avec le monde en valent la peine, car c’est un monde pour les autres, un héritage pour les autres, un don aux autres, en définitive.
Nous écrivons aussi pour aviver notre perception de la vie, nous écrivons pour charmer, enchanter et consoler les autres, nous écrivons pour chanter à ceux que nous aimons, nous écrivons pour goûter la vie deux fois, sur le moment et après coup.
Nous écrivons afin de pouvoir transcender notre vie, aller au-delà. Nous écrivons pour nous apprendre à parler avec les autres, pour consigner le voyage à travers le labyrinthe, nous écrivons pour élargir notre univers, lorsque nous nous sentons étranglés, gênés, seuls. Nous écrivons comme les oiseaux chantent. Comme les peuples primitifs dansent leurs rituels. Si vous ne respirez pas à travers l’écriture, si vous ne pleurez pas en écrivant, ou ne chantez pas, alors, n’écrivez pas. Parce que notre culture n’a que faire de tout cela. Lorsque je n’écris pas, je sens mon univers rétrécir. Je me sens en prison. Je sens que je perds mon feu, ma couleur. Ce devrait être une nécessité, comme la mer a besoin de se soulever. J’appelle cela respirer. »
Anaïs Nin, Journal, février 1954
Merci pour ce message et pour vos mots. (et ceux d’Anaïs Nin que je connais si mal et que j’ai maintenant envie de découvrir! Ouvrons vite nos librairies et Médiathèques!!!) Je suis convaincue comme vous que les mots peuvent nous aider ! c’est bien pour cela que vous exercez ce si beau métier avec force et courage. Merci d’être là ! Nous allons tout faire pour continuer à communiquer cet amour pour les mots.
Merci pour ces mots et la sincérité qui en découlent. J’ai moi aussi pensé écrire mais je ne trouve pas les bons moments. Peut-être plus tard…
Avec plaisir, ils sont sincères, c’est mon coeur qui a parlé. Je comprends parfois il faut savoir laisser infuser les mots. Au plaisir de te lire prochainement. Je pense qu’il faut que ça sorte !
Je comprends votre colère. Pour ma part, j’avoue utiliser à la fois la librairie de ma ville que j’adore et aussi Amazon car je ne trouve pas toujours tout en librairie, surtout quand c’est de la littérature en v.o… Ma libraire me connait bien je lui commande régulièrement des romans. Bref, je fais les deux. Je suis toutefois scandalisée que les librairies soient actuellement fermées tout comme les sections culturelles dans les supérettes, ce sont selon moi des besoins essentiels. C’est une honte. Depuis la crise de la Covid, nous avons perdu de plus en plus de liberté individuelle et la culture est en train d’en pâtir. Drôle de monde.
Oui ! J’ai un peu décoléré, Je vais de l’avant. J’essaie d’apporter un peu de magie à mon échelle, mais le colibri est un peu fatigué, il a du plomb dans l’aile, mais ne lâche rien !
Merci pour ce gentil commentaire ! je suis de votre avis pour les libertés et ça m’attriste !
Courage! En ce moment, je me réfugie dans les livres pour supporter le quotidien. Ce n’est pas facile heureusement que la littérature est encore un accessible. J’espère que le moral est mieux ! A très bientôt j’espère sur nos blogs respectifs! Bonne semaine!
J’aime la lecture. Je fréquente avec d’autant plus d’assiduité les deux boîtes à livres de ma commune. Mais ce n’est qu’un pis-aller… Rendez-nous notre liberté de lire ce que l’on veut, où l’on veut, quand on veut. Au secours !
Oui ! Tout le monde souffre dans tous les secteurs ! c’est vraiment une période difficile.